TaNgEr
Tanger (en arabe : طنجة, Tanja ; en gréco-romain : Tinjis), est une ville du nord du Maroc. Elle est le chef-lieu de la région de Tanger-Tétouan et de la préfecture de Tanger-Asilah. Située dans la partie occidentale du Pays Jebala, la ville est la principale porte du Maroc sur l'Europe, dont elle est séparée par les 14 km du détroit de Gibraltar. C'est la seul ville au monde donnant à la fois sur l'océan atlantique et sur la mer méditerranée. Sa population s'élevait à 669 685 habitants au recensement de 2004, en faisant la cinquième ville du Maroc. Tanger a une histoire riche et une géographie unique. La beauté de son site et de sa lumière en ont fait une source d'inspiration pour des générations d'artistes et d'intellectuels parmi les plus grands. Elle a été surnommée "la ville des étrangers" suite a ses nombreuses colonisations (Les phéniciens, les Arabes, les Anglais, les Français et les Espagnols).
L'HiStOiRe :
Après une présence phénicienne, dont il subsiste deux petites nécropoles, la ville fut réellement fondée au IVe siècle avant J.-C., par les Carthaginois qui en firent un comptoir (Tingi). En 146 avant J.-C., à la chute de Carthage, la ville est rattachée à la Maurétanie et devient une colonie romaine (Tingis) liée à la province d'Espagne. Tanger prend une telle importance, qu'elle devient, vers le IIIe siècle, la capitale de la Maurétanie Tingitane. Au Ve siècle, Tanger est occupée par les Vandales. Libérée sous le règne de Justinien, au début du VIe siècle, elle est rattachée à l'empire byzantin.
Le général Omeyyade Moussa Ibn Noussaïr s'intéresse à Tanger pour sa position stratégique et c'est de là qu'en 711, commencera la conquête de l'Espagne par les troupes de Tarik Ibn Ziad, à qui Gibraltar, entre autres, doit son nom (Djebel Tarik la montagne de Tarik). Pendant les cinq siècles qui suivent, les dynasties du Maroc, les Arabes d'Égypte, de Tunisie et d'Espagne se disputent la souveraineté de Tanger. Les Idrisides, maîtres de Volubilis, les Omeyyades d'Espagne, s'affrontent à son sujet pendant plus d'un siècle. Au milieu du Xe siècle, les Fatimides de Tunisie y étendent leur autorité. En 1075, les Almoravides en deviennent maîtres jusqu'en 1149 date à laquelle la ville passe aux Almohades. Elle s'inféode aux Hafsides de Tunis avant de devenir mérinide en 1274.
Après trois tentatives les Portugais s'en emparent en 1471 et le cèdent à l'Angleterre en 1661 comme dot apportée par Catherine de Bragance à son époux Charles II d'Angleterre. A l'époque où Tanger était encore une ville portugaise, elle fut la capitale de l'Algarve d'Afrique, car n'oublions pas qu'il y avait deux Algarves à l'époque, une en Europe et une autre en Afrique[réf. nécessaire]. Dès 1679 Moulay Ismaïl (Empire Cherifien Alaouites) entreprend le siège de Tanger qui lui est abandonnée en 1684, sur décision de Charles II estimant son occupation par les troupes anglaises inutile et beaucoup trop coûteuse.
A la suite de l'aide apportée par le sultan Abd ar-Rahman ibn Hicham à l'émir algérien Abd El-Kader, les Français lancent sur Tanger un raid de représailles dirigé par le prince de Joinville qui bombarde la ville en 1844 et démantèle les fortifications.
Les rivalités européennes pour le contrôle de la ville, porte entrouverte sur le Maroc, démarrent en cette fin de XIXe siècle. La France, l'Espagne, le Royaume-Uni, l'Allemagne multiplient les missions diplomatiques et commerciales pour placer leurs pions mettant la ville au centre des rivalités internationales. En 1880, la convention de Madrid tente de définir les relations entre les grandes puissances au sujet du Maroc. Poussé par le chancelier Bulow qui entend rappeler de façon, sensationnelle, que l'Allemagne ne se laissera pas mettre à l'écart et que la France ne peut modifier l'état politique du Maroc sans l'autorisation d'une nouvelle Conférence internationale, Guillaume Il débarque le 31 mars 1905 du Yacht impérial Hohenzollern à Tanger pour quelques heures et dénonce, après un entretien avec l'oncle du sultan, les visées françaises et espagnoles sur le Maroc, ce qui provoque une crise diplomatique. En 1906, la conférence d'Algésiras redéfinit les positions de chacun en Afrique reconnaissant l'indépendance du sultan et affirmant l'égalité des signataires dans le domaine économique. En 1923 les négociations aboutirent à en faire une zone internationale affranchie de droits de douanes. Le 24 juillet 1925, le statut définitif de Tanger est signé par le Royaume-Uni, l'Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, les États-Unis, le Portugal, l’Union soviétique et la France, auxquels se joindra l’Italie un peu plus tard.Tanger a longtemps fait office de capitale culturelle officieuse pour un certain nombre d'écrivains et d'artistes du monde entier, attirés par son climat, ses paysages et son pittoresque. Elle attire les promoteurs immobiliers venus principalement d'Europe (Espagnols, Anglais, Allemands, voire quelques Français).
La ville possède désormais son autonomie financière. On la dote d'une administration internationale, en particulier d'une assemblée législative, composée de trente fonctionnaires internationaux désignés par leurs consuls respectifs et de neuf marocains. L'époque du « Statut international » est celle du plus grand rayonnement international de Tanger, tant dans le domaine culturel que dans celui des affaires, favorisé par les facilités offertes à la contrebande, à l'espionnage et à la contrefaçon.
En juin 1940, après la défaite française, les troupes nationalistes espagnoles occupent Tanger et permettent, en mars 1941, l'installation du consulat allemand à la mendoubia (résidence du Mendoub) où flotte le drapeau nazi. En mars 1944, l'Espagne fait partir le consulat allemand de la mendoubia avant de retirer, le 9 octobre 1945, ses troupes de Tanger, qui retrouvera son statut international. Entre 1939 et 1950, Tanger a vu sa population tripler et atteindre plus de 150 000 habitants.
Le 10 avril 1947, le sultan Mohammed V, accompagné du prince héritier Moulay Hassan (futur Hassan II), prononce à Tanger le premier discours qui fait référence à un Maroc unifié et indépendant rattaché à la nation arabe. En 1956, avec l'indépendance du Maroc, la conférence de Fedala (8 au 29 octobre) rend Tanger au Maroc. Une charte royale maintient la liberté de change et de commerce jusqu’en 1960, année où le gouvernement marocain abolit les avantages fiscaux et Tanger se retrouve avec un statut identique à celui des autres villes du royaume. Afin d'éviter une fuite importante des capitaux, le port de Tanger est doté d'une zone franche.
Le retour à la souveraineté marocaine voit le déclin progressif de l'influence politique et culturelle de Tanger. Néanmoins, après plusieurs années d'abandon de la part du gouvernement central, la ville connaît depuis une dizaine d'années un développement spectaculaire, dont il est cependant à craindre qu'il ne dénature profondément son paysage urbain, et profite davantage aux intérêts des compagnies off-shore qu'à ceux des populations de la région. Tanger est aujourd'hui habitée par une population essentiellement issue des Jebala